Il y a des jours à nez rond et à rire.

Et puis il y en a à nez plat et à pleurer.

Ceux-là n'ont pas d'éclat ni d'idée.

Tout m'agresse, aujourd'hui, tout me porc-épique, 'je te trouve bien râleuse ce matin'  oui.

Je suis un hérisson, une de ces boules de torture du Moyen-Age, ne m'approchez pas, je pique, je crache comme un chat, je siffle comme un serpent. Le monde m'énerve. Et je ne vais même pas avoir mes règles.

Je respire un grand coup, je souffle. Emerveillez-vous, qu'il disait, l'autre. Bon. Je vais m'émerveiller. J'écoute. Les oiseaux, les feuilles dans le vent, le tramway... Ouais ça fait  8 ans qu'on l'attend le tramway, il va être prêt seulement pour les JO, y en a que pour les touristes de ces deux semaines-là, les Français on s'en fout et en plus il ...... C'est reparti. Je n'arrive pas à suivre les génuflexions de mon rythme sanguin.

Un morceau de brownie sur une assiette, une tasse de chocolat chaud au miel froid, une BD sur la charge mentale des femmes, un ordinateur ouvert sur une page de blog, un chat, le livre du Prince Harry renversé sur la tranche, un crayon à papier, une gomme, un pull pas suffisamment propre pour le remettre dans l'armoire mais pas suffisamment sale pour le mettre dans la panière de linge sale, un sac de terreau spécial orchidée, on la suit à la trace sur ce serpent domestique qui chemine à travers la maison, sorte d'escargot baveux en forme de signature.

Si on mettait un pansement sur toute la connerie humaine puis qu'on l'arrachait d'un coup sec, est-ce que la connerie humaine partirait avec ?

Il pleut des cordes. Le ciel se vide, la terre se remplit à ras bord - ras bord - ras bord- ras...La météo, ou l'éternel principe des vases communicants.

Ayant besoin de feel-gooder, j'ai feuilleté les livres du moment sur internet. Petit rictus amer pré-femen, je l'avoue, en constatant que les livres à couvertures bariolées écrits par des femmes étaient rangés dans la 'chick lit'. Les analyses politiques, les trucs sérieux sur la guerre au Congo et les lépreux de Jakarta, clairement, ce sont des trucs de mecs. Couvertures sobres et intelligentes avec un rabat élogieux, ornés de noms d'auteurs éminemment masculins.

Donc, si je comprends bien: les hommes écrivent des livres pour les hommes qui font la guerre et dirigent le monde, et les femmes écrivent des livres pour les femmes qui se mettent du rouge à lèvres? J'ai bien fait le tour?

Lu dans Le Monde ce matin : 'Macron écrit une lettre au quotidien britannique Financial Times pour contester l'éditorial l'accusant d'attaquer l'Islam en France'. Je comprends mieux pourquoi mon grand-père lavait ses vitres avec du papier journal.

Suis-je la seule de ce côté de la grande mare à retenir mon souffle et à envisager plusieurs recours d'incendie de perruques ou de dégonflage de ballon de baudrumpuche, en cas de worst-case scenario?

Pourquoi personne n'a pensé aux masques en bois? On pourrait créer tout un écosystème là-dedans: puisque les jardineries sont encore ouvertes, je planterais des arbres et des chaises longues, pour absorber les miasmes des complotistes et la connerie du monde qui semble, elle, de marbre face à la détresse humaine.

Pour ne pas avancer comme les autres, je marche dans la même direction, mais à reculons.